Nocturne sur trois poèmes de Michel-Ange (choeur mixte SSAATTBB)

Effectif :

Choeur à huit voix mixtes

 

Date de composition :

2008

 

Durée :

8'00''

 

Création :

1er mars 2008, chapelle du Val-de-Grâce, Paris

Chapelle-musique du Val-de-Grâce, direction Étienne Ferchaud

I.

Sol io ardendo all'ombra mi rimango,

quand'el sol de' suo razzi el mondo spoglia :

ogni altro per piacere, e io per doglia,

prostrato in terra, mi lamento e piango.

 

 

LXI.

Caro m'è 'l sonno, e più l'esser di sasso,

mentre che 'l danno e la vergogna dura ;

non veder, non sentir m'è gran ventura ;

però non mi destar, deh, parla basso.

 

 

XLV.

O notte, o dolce tempo, benché nero,

con pace ogn' opra sempr' al fin assalta ;

ben vede e ben intende chi t'esalta,

e chi t'onor ha l'intelletto intero.

 

Tu mozzi e tronchi ogni stanco pensiero

che l'umid' ombra e ogni quiet' appalta,

e dall'infima parte alla più alta

in sogno spesso porti, ov'ire spero.

 

O ombra del morir, per cui si ferma

ogni miseria a l'alma, al cor nemica,

ultimo delli afflitti e buon rimedio ;

 

tu rendi sana nostra carn' inferma,

rasciughi i pianti e posi ogni fatica,

e furi a chi ben vive ogn'ira e tedio.

I.

Je reste seul à me consumer dans le noir

quand le soleil dérobe au monde sa lumière.

D'autres, c'est par plaisir qu'ils s'étendent à terre,

moi, c'est dans mon malheur pour gémir et pleurer.

 

 

LXI.

Dormir m'est cher et plus encore être de pierre

aussi longtemps que l'injure et la honte durent.

Ce m'est un grand bonheur de ne rien voir ni sentir ;

ne va point m'éveiller, de grâce parle bas.

 

 

XLV.

Ô nuit, ô temps suave bien qu'obscur, ta paix,

pour finir, a toujours raison de tout labeur ;

qui t'exalte a l'œil bon et l'entendement sain,

c'est un esprit sans faille qui te rend honneur.

 

À toute pensée chagrine tu coupes court :

l'ombre rafraîchissante et paisible l'assume ;

et souvent d'ici-bas jusqu'aux nues tu m'emportes

en songe où j'ai l'espoir de parvenir un jour.

 

Ô ombre de la mort dans laquelle s'apaise

toute détresse d'âme dont pâtit le cœur,

pour l'affligé, suprême et bienfaisant remède ;

 

tu guéris notre chair infirme, essuies nos pleurs,

nous délasses de nos fatigues et soulages

les justes de toute colère et tout ennui.